Je croyais avoir compris le jeu.M., son mari, moi — un triangle parfaitement dessiné, maîtrisé, presque élégant.Je me trompais.Ce fut d’abord un détail.Un silence différent.M. n’était plus derrière moi.Elle n’était plus devant non plus.Je me suis retourné lentement.Elle était assise.Nonchalamment.Comme si la tension que je ressentais n’existait pas pour elle. Ses jambes croisées, le dos droit, le regard levé vers moi… mais ce regard n’attendait plus.Il jugeait.Son mari, lui, s’était rapproché. Pas brusquement. Naturellement.Trop naturellement.— Tu pensais être invité, dit-il doucement.— En réalité… tu es observé depuis le début.Ces mots ont déplacé quelque chose en moi.Pas de peur.Mais une lucidité soudaine.M. a penché légèrement la tête.— Tu es très réceptif, dit-elle. C’est rare.Je n’étais plus au centre.Je devenais l’élément déclencheur.La porte du salon s’est ouverte sans bruit.Un troisième homme est entré.Je ne l’avais pas vu avant.Mais lui me connaissait déjà.Son regard n’était ni curieux ni envieux. Il était calme. Analytique. Presque complice.— C’est lui ? demanda-t-il simplement.M. acquiesça.— Oui. Il ressent vite.À cet instant précis, j’ai compris le basculement.Ils n’étaient pas en train de m’accueillir dans leur jeu.Ils m’avaient amené jusqu’ici pour voir comment je réagirais quand je ne serais plus le point focal.Et étrangement…Cela m’a électrisé.Je n’étais plus désiré pour ce que je pouvais donner.Mais pour ce que je laissais transparaître.Le troisième homme s’est approché, lentement, s’arrêtant à une distance respectueuse.Pas d’invasion.Juste une présence nouvelle, qui modifiait l’équilibre de la pièce.M. s’est levée alors.Et pour la première fois depuis que je l’avais rencontrée, elle ne me regardait plus directement.— Maintenant, dit-elle calmement, regarde-les.Je l’ai fait.Et c’est là que j’ai compris :le véritable renversement n’était pas physique.Il était mental.Je n’étais plus celui qui avançait.J’étais celui qui choisissait de rester.Et dans ce club du sud, sous cette lumière feutrée, entouré de regards qui savaient exactement ce qu’ils faisaient…j’ai senti une certitude étrange m’envahir.Je n’avais jamais été aussi conscient de moi-même.Plus personne ne parlait.Le silence n’était plus une absence de mots, mais une présence à part entière. Il s’étirait, se posait sur nos épaules, s’infiltrait sous la peau. J’avais la sensation étrange que chaque respiration pouvait faire basculer quelque chose… ou tout arrêter.M. s’est approchée une dernière fois de moi.Pas t ...

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